L’analogie de la chenille et du papillon ; un doux rappel pour tous les parents et intervenants.
- Anne-Marie
- 2 janv.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr.
La parentalité est un voyage fascinant, jalonné de mystères et d’interrogations. Face aux comportements parfois déroutants des enfants, nous cherchons souvent des repères pour mieux les comprendre. Dans notre désir de les voir grandir, d’acquérir de nouvelles compétences, il est facile d’oublier une réalité essentielle : leur développement suit son propre rythme, distinct du nôtre.
Le jeune enfant ressent une chose à la fois. Contrairement à l’adulte, qui peut tenir compte de plusieurs éléments en même temps et faire des compromis, son cerveau en plein développement ne lui permet pas encore cette complexité. Lorsqu'il est triste, il est complètement envahi par cette émotion. Lorsqu’il veut quelque chose, son besoin lui semble immédiat et absolu. Ce n’est pas un manque de volonté, mais une réalité neurodéveloppementale : son monde intérieur est encore en construction.
L’image proposée par le psychologue Gordon Neufeld, comparant la relation entre la chenille et le papillon, illustre magnifiquement cette réalité du développement humain. Nous savons que la chenille est destinée à devenir papillon, mais à l’instant où nous l’observons, rien dans son apparence ne laisse présager cette métamorphose. De la même manière, nous attendons parfois des enfants qu’ils fassent preuve d’une maturité qu’ils ne peuvent tout simplement pas encore atteindre.
Le cortex préfrontal : une construction progressive
Prenons un exemple concret : le développement du cortex préfrontal, cette partie du cerveau essentielle pour la régulation des émotions, la prise de décision et l’anticipation. Chez l’enfant, cette région est encore immature, en pleine croissance. Elle permet notamment d'intégrer plusieurs éléments en même temps, comme :
Je peux quitter cet endroit parce que je sais que je serai bien en rentrant à la maison.
Je peux patienter pour mon biscuit après le souper, même si j’en ai envie maintenant.
Ce n’est peut-être pas le bon endroit pour exprimer mes émotions.
Même si la séparation est difficile, je sais que maman reviendra tout à l’heure.
Or, tant que cette région du cerveau n’a pas atteint une certaine maturité, ces pensées ne peuvent pas coexister naturellement. L’enfant vit l’instant présent avec intensité, sans toujours pouvoir mettre en perspective ce qui l’attend après. Ce n’est ni un manque de volonté ni un caprice, mais une réalité neurodéveloppementale.
Mieux comprendre pour mieux accompagner
Saisir cette nuance change tout. Cela nous invite à la patience, à l’empathie, à un accompagnement respectueux du rythme de l’enfant. Bien sûr, nous pouvons être un modèle en incarnant la régulation émotionnelle, mais nous ne pouvons pas lui l’enseigner directement comme une leçon.
💡 La régulation des émotions ne s’enseigne pas, elle s’expérimente. L’enfant apprend à se réguler à travers l’expérience répétée de la co-régulation, lorsqu’un adulte l’accueille avec douceur dans ses tempêtes émotionnelles et l’aide à traverser ces moments en toute sécurité.
On ne peut pas forcer une chenille à devenir papillon.
La transformation est un processus naturel qui suit son propre calendrier. Nous ne pouvons que veiller sur la chenille, lui offrir un environnement propice à son développement, un cocon de sécurité et de douceur où elle pourra croître et, en son temps, se métamorphoser.
Nos enfants aussi ont besoin d’un espace où ils peuvent être pleinement eux-mêmes, dans la confiance et la bienveillance. Ce cadre sécurisant leur permet de traverser leurs étapes de croissance sans pression ni attentes irréalistes, avec la certitude d’être accompagnés et compris.
Nous sommes les témoins bienveillants de leur évolution. En leur offrant cet environnement stable, aimant et accueillant, nous leur permettons de grandir avec confiance, jusqu’au jour où ils déploieront leurs ailes et s’envoleront, à leur propre rythme.
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