Le drame des enfants parfaits
- Anne-Marie
- 7 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr.
Réflexion inspirée par l’essai de Dr. Céline Lamy, pédopsychiatre depuis 15 ans, autrice et mère de quatre enfants.
« Avais-je choisi cette magnifique spécialité pour étiqueter des enfants en masse, leur prescrire des pilules qui les tranquillisent et les aident à supporter UN SYSTÈME MALADE ? »
Nos enfants ne sont pas le problème.
Le système (et le rythme) qu’on leur impose, oui. Nos attentes envers eux, oui.
Nous, adultes, sommes responsables de notre relation avec eux. Et pour adopter la bonne posture, nous devons ajuster notre vision de ce qu’est l’enfance.
Nous devons leur laisser du temps d’être des enfants.
« Les enfants ne sont pas une coordonnée fixe sur la carte de l’existence des adultes. Ils sont en maturation (cognitive et psychoaffective), spontanés, imprévisibles, explosifs. L’enfance est un territoire vaste, comme la nature, comme le vivant. »
Cela fait déjà de nombreuses années que nos enfants tentent de nous dire que ce rythme ne leur convient pas.
Oui, ces troubles existent. Oui, la médication est utile. Ce n'est pas le point.
Le problème, c'est de tenter de faire entrer tout le monde dans les mêmes cases, de produire en masse des enfants normés, standardisés comme des fruits parfaits. Comme le souligne Céline Lamy, cette production a des conséquences dramatiques sur la singularité et le potentiel unique de chacun.
Mais au-delà des cadres que nous imposons aux enfants, il y a une réflexion plus vaste à mener sur le système qui les façonne. Ce système éducatif et social a été pensé pour produire des travailleurs efficaces, adaptés à un monde qui privilégie la conformité au détriment de la pensée libre et de la créativité. Nous avons trop souvent oublié que l’éducation ne devrait pas être une chaîne de montage, mais une terre fertile où chaque enfant peut s’épanouir selon sa propre nature.
Et si nous permettions aux enfants de conserver leur essence, plutôt que de passer leur vie d’adulte à tenter de la retrouver ?
Notre vision altérée de ce que devrait être l'enfance finit par nuire à notre relation avec eux. Nombreux sont ceux qui sont constamment déçus, épouvantés, déstabilisés par le comportement de leurs enfants, alors que ceux-ci sont tout à fait normaux.
Mais, comme le disait si bien Einstein :
« Si vous jugez un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il passera sa vie à penser qu'il est stupide.»
Collectivement, ralentissons. Déconstruisons les cadres. Donnons du temps aux enfants pour être des enfants.
Célébrons celui qui nage comme un poisson, celui qui a l’énergie d’un écureuil, celui qui grimpe comme un singe, celui qui aime la lumière, comme celui qui se sent mieux dans l’ombre.
Donnons-nous du temps pour découvrir et célébrer l’unicité de chacun.
Parions que nous nous comprendrons mieux également.
Cette réflexion accompagne l'épisode 31 de La nature de l'enfance, que j’ai eu la chance d’enregistrer avec Céline Lamy. Un échange riche qui met en lumière ces enjeux essentiels et invite à revoir notre rapport à l’enfance et à la manière dont nous l’accompagnons.
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