Les jeux risqués
- Anne-Marie
- 8 févr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 avr.
Les jeux risqués : un essentiel pour le développement des enfants
En janvier 2024, la Société canadienne de pédiatrie a pris position en faveur du jeu libre et risqué, encourageant les parents et les éducateurs à lui faire davantage de place dans le quotidien des enfants. Une décision qui s’appuie sur des recherches solides démontrant les bienfaits du jeu risqué pour le développement global des enfants.
Risque et danger : une distinction essentielle 1
Avant d’aller plus loin, il est crucial de différencier risque et danger, deux notions souvent confondues.
👉 Un danger survient lorsque le risque de blessure dépasse la capacité de l’enfant à l’évaluer ou à le gérer. Exemples : un toboggan mal ancré qui risque de basculer, une branche d’arbre pourrie qui peut casser sous le poids d’un enfant.
👉 Un risque, en revanche, permet à l’enfant d’évaluer une situation, de tester ses limites et d’adapter son comportement en fonction de ses capacités. Par exemple : décider jusqu’à quelle hauteur grimper ou à quelle vitesse descendre une pente.
Le rôle de l’adulte est donc de garantir un cadre sécuritaire en éliminant les dangers, tout en laissant à l’enfant l’espace nécessaire pour expérimenter et développer sa propre gestion du risque.
Quels sont les jeux risqués?
Les jeux risqués sont ceux qui impliquent une prise de décision active de l’enfant face à une situation qui comporte un certain défi.
Voici quelques exemples concrets :
✔ Jeux en hauteur : grimper, sauter, se suspendre.
✔ Jeux de vitesse : faire du vélo rapidement, glisser sur une pente, courir à toute allure.
✔ Jeux avec des outils : utiliser une scie, un couteau, un marteau, sous supervision.
✔ Jeux à proximité d’éléments naturels : jouer près de l’eau, du feu.
✔ Jeux turbulents : lutte amicale, escrime avec des bâtons.
✔ Jeux impliquant un risque de se perdre : explorer sans supervision constante.
✔ Jeux de chocs : se cogner volontairement (lutte amicale, course de chariots).
✔ Jeux par procuration : observer d’autres enfants prendre des risques et ressentir un frisson par empathie.
Pourquoi encourager les jeux risqués?
De nombreuses études démontrent les effets positifs du jeu risqué sur le développement des enfants. En voici quelques-uns :
Un meilleur développement moteur et physique : les enfants qui jouent librement bougent davantage et développent une meilleure coordination.
Une augmentation de la confiance et de l’estime de soi : surmonter un défi leur donne un sentiment de compétence et d’accomplissement.
Une amélioration des habiletés de résolution de problèmes : particulièrement marquée chez les garçons.
Une diminution du taux d’intimidation : les enfants qui expérimentent le risque ont tendance à mieux gérer les conflits.
Un impact positif sur l’attention et la concentration : le jeu actif favorise la régulation du système nerveux.
Un système immunitaire plus fort : en raison d’une exposition accrue à la nature et aux bactéries bénéfiques.
Une étude menée dans une école où l’on a intégré davantage de jeux risqués a même démontré que les enfants étaient plus actifs tout au long de leur vie.
Freins et croyances limitantes : comment les surmonter?
En tant que parents ou éducateurs, il est normal de ressentir de l’appréhension face aux jeux risqués. Nous voulons protéger nos enfants et éviter les accidents. Mais nos mises en garde répétées peuvent parfois limiter leur confiance en eux plutôt que les protéger.
Un article de la Société canadienne de pédiatrie souligne ceci :
« Lorsque les enfants entendent fréquemment des avertissements comme "Fais attention", "Pas trop haut", "Ralentis", ils peuvent en venir à comprendre : "Tu ne me fais pas confiance" ou "Tu ne crois pas que j’en suis capable". Ces mises en garde, répétées avec le temps, peuvent transmettre de la peur, même lorsque le danger est minime ou inexistant. Elles n’aident pas l’enfant à apprendre à gérer son propre jeu et peuvent nuire à sa confiance en ses habiletés. »
Il ne s’agit pas de laisser les enfants sans encadrement, mais plutôt de leur permettre d’expérimenter par eux-mêmes et d’être présents pour les guider, plutôt que de restreindre systématiquement leurs actions.
Un défi pour vous : osez faire plus de place au jeu risqué!
Prenez un instant pour observer votre posture face aux jeux risqués. Êtes-vous du genre à intervenir rapidement? À multiplier les avertissements? À ressentir une certaine peur lorsque votre enfant grimpe un peu trop haut?
Et si, aujourd’hui, vous lui laissiez un peu plus d’espace?
🌿 Pour aller plus loin, je vous invite à écouter l’épisode 21 de La nature de l’enfance, entièrement dédié aux jeux risqués.
Bonne aventure!
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