Donner un nom à notre école-maison : une drôle d’idée ?

Je vais être honnête : j’ai hésité à le faire… et encore plus à le partager. Je me disais : « Les gens vont trouver ça bizarre, on est déjà en famille, pourquoi donner un nom à une école ou à une classe ? »

En réalité, cette idée est née un peu par hasard. L’application Seesaw, que j’utilise pour documenter nos apprentissages en famille, me demandait d’inscrire le nom de l’école. J’aurais pu écrire n’importe quoi, mais ça a fait germer une réflexion : Et si on créait une identité ?

Alors, j’ai préparé deux enveloppes, j’ai caché des mots dans la maison. Mon enfant est parti à la chasse et, petit à petit, il a découvert que nous étions désormais l’Odyssée des Curieux, et qu’il faisait partie de la classe des Lumières (en voyant à long terme, l’an prochain il y aura un nouveau nom de classe). À la fin, une carte d’identité scolaire l’attendait comme symbole d’appartenance, mais aussi comme accessoire éventuel de jeu.

Ce que j’ai vu se passer

Au départ, c’était un jeu. Un petit matin magique où, après sa balade avec papa, une mission l’attendait. Mais en le regardant, et en le vivant avec lui,  j’ai réalisé que c’était bien plus. En créant les affiches de notre école et de notre classe:

• Il a compté combien de couleurs seraient nécessaires s’il voulait colorier chaque lettre différemment.

• Il a reconnu les lettres et leurs sons, distingué voyelles et consonnes, expliqué ce que les voyelles ont de particulier, parlé du cas du Y.

• Il a joué avec le langage et les symboles, en donnant vie à une aventure qui est devenue la sienne.

Bref, derrière une activité toute simple, on a travaillé autant la numératie que la conscience phonologique, tout en créant un moment significatif.

Mais surtout, voici pourquoi je crois que c’était une excellente idée.

Ce n’est évidemment pas nécessaire en école-maison. Mais c’est porteur de sens. Parce que l’apprentissage, ce n’est pas qu’une affaire de savoirs : c’est aussi une affaire d’identité, d’appartenance et encore plus de mémoire affective.

Désormais, on peut dire : « Ça, c’est digne de la classe des Lumières ! » ou encore « Cette semaine, dans l’Odyssée des Curieux, voilà ce qui s’est passé… »

Et moi, j’ai appris quelque chose aussi : parfois, ce qui paraît superflu ou étrange devient ce qui donne le plus de couleur et de sens à l’expérience.

Ce rituel, ce nom d’école et de classe, c’est une façon de lui donner ce que j’estime précieux dans l’école traditionnelle : ce sentiment d’appartenance, ce « nous » qui pousse à se dépasser, cette fierté de dire « je fais partie de… ». Pas pour copier l’école ni pour nier ce qu’elle offre, mais pour créer un cadre vivant, porteur de sens, à la fois ancré dans notre famille et ouvert vers plus grand.

Au fond, ce que je souhaite, c’est qu’il sente à la fois sa connexion à soi (sa curiosité, son plaisir d’apprendre), sa connexion à l’autre (à travers notre famille qui devient aussi sa communauté éducative), et son appartenance à un univers d’apprentissage qui lui donne de la force, de la lumière et une identité qui se construit au fil du chemin.

Je ne sais pas encore quelle influence ce petit rituel aura au fil de l’année. Mais je sens déjà qu’il a créé un espace à part, un cadre symbolique qui nous donne envie de jouer, d’apprendre et de grandir ensemble.